Chapitre 11 – La maturité

Contexte

On définit la maturité comme l’état de l’esprit ou du talent ayant atteint la plénitude de son développement :

Physique

Psychologique

Moral

Religieux

Spirituel

La plénitude est un état complet, dans toute sa force.

Peu de gens atteignent pleinement cette plénitude. Dans un sens, c’est une bonne nouvelle : cela signifie que la mission n’est jamais terminée. L’accomplissement commence avec la naissance et s’achève avec la mort.

Une personne vieillissante qui ne comprend plus le sens de sa vie peut s’ennuyer et se désoler, sans réaliser que sa mission n’est pas encore achevée.

La vie sur terre pourrait être comparée à un purgatoire confrontant l’humain à ses imperfections, lui permettant d’en prendre conscience et de cheminer vers une forme de perfection. Le résultat est le bonheur, qui ouvrirait la porte du paradis.

Pour Saint Thomas d’Aquin, philosophe majeur de l’Église catholique, le but de l’homme est la quête du bonheur, atteignable uniquement par la plénitude du développement personnel. Ce bonheur ultime conduit à la béatitude, c’est-à-dire le bonheur en présence du Créateur, après la mort.

La spiritualité correspond à un sens de transcendance du Soi, l’idée que l’on fait partie d’un plan universel de développement. La vie elle-même résulte de l’évolution de l’univers. Issus de poussière d’étoiles, nous sommes chargés d’un rôle : nous parfaire et contribuer à l’évolution du monde.

Cette spiritualité, présente en chaque humain, se développe au fil du chemin vers la maturité. L’enfant se concentre sur la maturité physique, le vieillard sur la maturité spirituelle.

Maturité physique

Atteindre la maturité physique implique de prendre soin de son corps : bonne alimentation, exercice, hygiène de vie. À défaut, le corps se dénature avec l’âge, générant maladies et souffrances.

On dit que ceux qui négligent leur santé tombent malades autour de 65 ans, amorçant une dégradation sur 10 à 15 ans. Inversement, une vie saine favorise un vieillissement harmonieux et une fin de vie courte et paisible.

Maturité psychologique

Être psychologiquement mature, c’est gérer ses réactions au lieu de se laisser gouverner par ses émotions. Près de 80 % de nos comportements seraient influencés par des émotions inconscientes issues de l’enfance.

Nous croyons décider librement, mais souvent, nos réactions sont dictées par des programmes automatiques, activés par des événements présents interprétés à travers le prisme du passé.

Ce phénomène est appelé distorsion cognitive. Il fausse notre lecture du présent, entraînant mauvaises décisions, conflits, mal-être.

Il faut reconnaître ces idées préconçues et y faire face. Les événements devraient pouvoir nous toucher sans nous submerger. Il faut affronter la vérité, même douloureuse, et assumer nos responsabilités.

Exemples de fuite :

« Je suis comme ça. » → évite de faire face à ses défauts.

« Ce n’est pas ma faute. » → refuse la responsabilité.

Repli sur soi. → évite l’émotionnel en se murant dans le silence.

Raisonnement défensif. → se réfugier derrière des justifications logiques.

Le chemin proposé par Scott Peck[1] :

Rechercher la vérité.

Accepter de souffrir.

Prendre ses responsabilités.

Développer sa discipline.

Agir par amour (de soi, des autres).

Maturité morale

La morale définit le bien (joie, plaisir) et le mal (tristesse, douleur).

Un mal inévitable conduit à l’abandon.

Un mal combattable suscite la colère, l'adrénaline et la lutte.

L’enfant perçoit le bien et le mal par récompense et punition, l’adulte par valeurs.

Les 6 stades de Kohlberg :

  1. Récompense/punition

  2. Manipulation

  3. Le bon gars / la bonne fille

  4. Loi et ordre

  5. Contrat social

  6. Valeurs

La maturité morale s’atteint par le passage d’une moralité infantile à une moralité adulte fondée sur des convictions personnelles.

Maturité religieuse

Pour les religions, le bien vient des anges, le mal des démons. Leur approche rejette la perspective philosophique.

Le bien et le mal sont définis dans les textes sacrés, perçus comme la parole divine. L’objectif est d’atteindre un monde de paix, en vue du jugement dernier.

Le mysticisme est souvent central. Convaincu de détenir la vérité, on veut la transmettre — par la parole ou par la force, d’où les guerres de religion.

La religion s’impose dès la naissance, transmise culturellement.

L’enfant obéit sans question.

L’adolescent, tiraillé entre foi et pulsions, doute.

L’adulte décide de croire, en conscience, malgré les faiblesses de sa religion.

Croire devient un choix personnel. La maturité religieuse est atteinte quand on s’engage avec lucidité et liberté.

Maturité spirituelle

La maturité spirituelle dépasse les religions. Elle implique un détachement matériel et un contact avec son divin intérieur.

On vit dans une présence permanente avec cette force, en harmonie avec l’univers. On a accompli sa mission, et l’on est prêt pour la béatitude.

Ce qu’il faut retenir

La maturité est un processus global qui concerne autant le corps que l’esprit, la morale, la foi et la spiritualité.

Peu de personnes atteignent une plénitude totale, ce qui rend le chemin de vie évolutif et permanent.

La maturité psychologique consiste à gérer ses émotions, affronter la vérité et agir avec responsabilité.

La maturité morale repose sur l’évolution des motivations vers des valeurs personnelles solides.

La foi religieuse, si elle est choisie librement et avec discernement, est signe de maturité religieuse.

La maturité spirituelle dépasse les dogmes : elle signifie être aligné avec l’univers, libéré des attachements, et prêt à transmettre paix et amour autour de soi.

[1] M. Scott Peck, psychiatre et auteur du livre The Road Less Traveled (1978), où il décrit les principes d'une vie disciplinée et spirituelle fondée sur l'amour, la vérité et la responsabilité.